27 - Plegis - Interview d'un Voleur Sachant Voler

Cette semaine on étudie les criminels. Pour cela, on peut se concentrer sur un exemple pratique. Mesdames, messieurs je vous présente le grand
Atchi Trappeur! âmes innocentes s'abstenir


>Pourquoi avez-vous choisi d'être criminel?

Criminel n'est pas vraiment un choix de vie. Je ne me définis pas en tant que tel. Je verrais plutôt cela comme une étiquette. Disons que la façon de gagner ma vie dépend beaucoup des richesses d'autrui. Depuis ma plus tendre enfance j'ai grandi dans ce système. Parlons plutôt de fatalité.


>Votre vie actuelle correspond-t-elle à vos attentes?

Cette vie n'est pas de tout repos. Je suis souvent traqué, j'ai peu de crédit auprès des gens... Mais j'aime cela: le goût du risque, le cœur qui s'emballe au moment de crocheter la serrure, d'ouvrir une caisse... J'aime ce mode de vie ou rien n'est acquis. Un jour on possède tout, on est tout puissant et le lendemain on est réduit à rien. C'est ce qui donne envie d'avancer jour après jour.


>Quelles sont les pièges qui attendent un novice?
De quelles ressources faut-il disposer?

Je ne sais pas si l'on peut parler de "pièges".
Je vois le piège comme tendu par une autre personne. C'est rarement le cas. Le piège est souvent tendu par soi-même. Le risque est d'avoir les yeux plus grand que le ventre. Il faut travailler à son niveau.
Pour le reste, il faut beaucoup de sang froid, une certaine dextérité et un brin de folie.


>Avez-vous déjà pensé changer pour une carrière disons... plus légale? Si oui, face à quel problème que vous ayez rencontré?

J'ai plusieurs fois tenté de me reconvertir en honnête marchand. Comment écouler les objets volés sinon. Sans succès !
Je prendrai ma retraite lorsque je n'aurais plus assez de jambes pour m'enfuir rapidement.


>Que pensez-vous du système juridique, que ce soit au niveau de la police ou des sanctions?

Il est difficile de répondre à cette question tant le système juridique est une notion vague. En effet, chaque région a sa propre vision de la justice. Principalement au Khanat j'entends. Mais je trouve que cette justice connue sous le nom de "justice clanique" s'applique un peu partout dans le cybermonde. D'un regard général, on a affaire à une justice action/réaction". Tu commets une faute => tu paies. Selon la région la note est plus ou moins salée. Cette justice intransigeante au premier abord, ne l'est pas forcément dans le fond. Il n'est pas rare de croiser des exécutants de la loi pourris jusqu'à l'os.

Du côté des policiers, on retrouve la même mentalité aux quatre coins du cybermonde. Ils n'hésitent pas à frapper pour interpeler, cependant avec peu de bavures. J'ai eu pour ma part quelques frictions avec eux durant ma carrière et j'ai eu le loisir d'accrocher quelques képis au-dessus de ma cheminée...


>Une politique qui visent à dégommer les criminels pour ne pas qu'ils reviennent vous semble-t-elle la plus efficace?
Pourquoi et sinon laquelle préconisez-vous?

Je ne vais pas donner le bâton pour me faire battre !
Cependant je ne pense pas que cette méthode soit la meilleure si elle est faite dans la demie mesure. Cela ne fait que nourrir des rancœurs. Bon nombre de mes collègues n'acceptent pas la frustration... Un système qui serait intéressant à mettre en œuvre pour réduire les actions des criminels serait qu'au lieu de policiers, la ville engage une troupe de criminels. Ceux-ci se chargeraient des malfrats ayant causés des troubles aux habitants. Le mal par le mal en quelques sorte. Nous ferions d'une pierre deux coups. Les criminels chargés de la sécurité userait de leur talents à bon escient et n'iraient plus voler ailleurs. Les autres ne reviendraient plus par crainte.


>Quel est le plus gros bordel, la plus grosse embrouille dont vous ayez été l'auteur ou complice?

C'est assez récent. J'avais eu quelques embrouilles avec un procureur. Celui-ci avait fait preuve de beaucoup d'injustice. J'avais
décidé de me venger. Malheureusement, il est passé Ministre de la Justice entre-temps. Trop tard! La machine était lancée. Un courrier à un ami assassin, Malzok, et nous voilà partis, parcourant la capitale à la recherche du ministre. Après avoir arpenté les rues, nous trouvons notre homme assis à son bureau. Malzok, s'apprête à le transpercer, mais le téléphone du ministre retentit à cet instant. Il se retourne et face au danger il dégaine sa lame. Sans trembler Malzok désarme ce dernier d'un coup dont lui seul a le secret. Je me précipite alors pour récupérer l'épée enchanté de Shinryu. Le combat est bref, mais les autorités en sont averties. Il nous faut faire vite! Je sors de ma besace, en toute hâte, un flacon rempli de poudre d'escampette. A peine ai-je eu le temps de l'approcher de la bouche de Shinryu que la poudre m'a explosé entre les mains. Ce crétin de sorcier... il avait du se planter dans les doses! Je me retrouve également à découvert suite à cet incident. Tant pis, il faut fuir. Une main filante dans la bourse et mon regard se penche sur le poignet de Shinryu: un magnifique bracelet orné de diamants. Il est censé procurer force à son porteur. Ni une ni deux, je lui ôte. Malzok le ligote et nous sortons par la porte de service. Il était temps. Les forces de l'ordre rentraient dans le bureau...
Malheureusement, la fuite fut courte. Partout des agents s'affairaient. L'alerte avait été donnée! Sitôt la ville quittée, Malzok est interpelé. De même pour moi, quelques instants plus tard. Le ministre est furieux. Je suis ennemi public et le nom d'Australine est cité. C'est pour bientôt... Je crains cet endroit. Aussi, je prépare un plan d'évasion pour le lendemain. Je concerte mes compagnons de cellule, mais ceux-ci ne sont pas motivés. Je décide de sortir seul, profitant de l'ouverture des grilles pour la soupe. Ça y est je suis libre! Je fais marcher la garantie de ma poudre d'escampette et me voilà avec un flacon flambant neuf. Pfuitttt. Adieu le Khanat Elmérien!!!! Je pars quelques temps en vacances !!


>Même question mais en tant que victime...

C'est très difficile de choisir, mais je crois que la palme revient à la compagnie noire qui m'a mis deux fois à nu en 10 jours. La première fois, pour avoir aidé une amie à récupérer sa voiture de sport. J'en avais trop fait en séquestrant une petite journée son voleur. J'avais sous-estimé la force d'action de cette organisation. Une fois rentré dans leur système, aucune négociation n'est possible. Quelques heures plus tard j'étais en
caleçon (sans les boutons, j'avais vraiment plus rien..) dans une prison rebelle où j'étais recherché.

10 jours après je m'étais plutôt bien refait. J'avais trouvé des coups fumants, amassé plus de 20 000ÐE et retrouvé tout mon matériel.
Malheureusement l'enquête d'un procureur a tout révélé alors que je passais (honnêtement) par Irendol....
Tout les voleurs de la région me sont passés dessus et j'ai à nouveau terminé aux mains de la Compagnie Noire. Toujours assez brièvement, mais cela a suffit pour que je me retrouve encore en tête à tête avec mon nouveau caleçon.


>Si un jour vous deviez repartir à zéro, quelle serait votre orientation et pourquoi?

Il est difficile de penser à repartir de rien. Pourquoi pas potier? J'ai les mains assez agiles.
Plus sérieusement je rêve souvent de diriger une armée gigantesque. Peut-être irais-je m'engager. Apprendre à manier l'épée à la perfection. Gardercette vie nomade à parcourir Monts et Vaux. Tuer pour ne pas être tuer... Oui, cela me plairait.


>Avez-vous quelque chose à ajouter, un conseil important par exemple?

C'est bien la première fois que l'on me pose tant de questions et que je réponds avec tant de détails. Je tiens a préciser que les criminels sont moins bavards lors des interrogatoires. Pour le conseil, je serai tenté de dire qu'il vaut mieux gagner sa vie honnêtement.

Atchi Trappeur