Histoire de Magg -6-

- Je peux rester quelques jours, pas plus...

Les mains de Magg tremblaient et elle s'efforçait de les cacher dans son dos en s'appuyant contre le mur dans l'angle près du bar.

- Je suis navrée, Mickel... Mais je... Je ne peux pas renoncer à une promesse. Vous ne vous doutez pas à quel point vos paroles m'attristent... Je n'aurais jamais dû venir ici... Vous rencontrer... Et repartir dès maintenant... Ca ne fait pas que vous briser le coeur.

Devant les yeux ébahis des gens au bar, Magg tourna les talons et ressortit dehors. Certaine de ne pas avoir été suivie elle s'arrêta près de l'angle extérieur du restaurant, s'appuya à nouveau contre le mur puis s'assit, la tête dans les mains. La jeune fille se laissa enfin aller au chagrin et les larmes coulaient doucement sur ses joues.
Elle murmura:

- Je pense que je devrais partir le plus tôt possible. Ce ne serait pas bien de rester à le faire souffrir... Si je lui écrit une lettre, peut-être qu'il comprendra... Oh, non, je ne devrais pas lui dire ce que j'éprouve. Cela ne ferait que rendre tout cela encore plus dur pour tout le monde...

Magg se releva et s'apprêtant à retourner à l'auberge car elle n'avait pas assez de volonté pour retourner dans le restaurant, elle vit la silhouette familière de Miquel sur le pas de la porte. Il scrutait attentivement l'obscurité de la rue déserte. Dans quelques secondes il la verrait. Avait-il entendu ses paroles? Non, probablement pas, il semblait avoir ouvert la porte à l'instant. Ça y est, il l'avait aperçue. Tétanisée, Magg ne bougeait plus mais des envies contradictoires la tiraillaient...
Qu'aillait faire Mickel?

Il se tenait à l'encadrement de la porte. Il tenait un petit sac de tissu dans une main, l'autre dans la poche. Sur son dos, on pouvait voir sa guitare. Il se tenait droit, presque fièrement et il avait séché ses larmes, et comme à son habitude il était passé de la pluie au soleil. Il marcha d'un pas calme et tendit doucement sa main vers Magg, il parlait d'une voix calme et pleine de chaleur. Cette voix que Magg aimait tant...

- Je suis désolé... je n'aurais jamais du vous dire cela. Venez, j'ai quelques choses à vous montrer... il serait dommage de quitter Billou sans voir cela.

Mickel semblait confiant et cette confiance était presque contagieuse, il prit la main tremblante de Magg dans la sienne et la recouvra avec son autre main un moment pour la rassurer. Puis lui souriant la guida vers l'extérieur en direction de la foret. Le long du trajet il parlait de sa voix berçante, presque comme un grand frère, il raconta sa vie. Sa mère, ses frères, ses aventures et ses longs voyages, ses amours aussi, un large éventail de femme riche aimant recevoir la gratitude d'un artiste bien récompensé pour ses services. Et parfois même quelques jeunes femmes en mal d'aventure avec un artiste qu'on ne reverra plus de toute façon.

Au bout d'un moment, que semblait n'avoir duré quelques secondes le jeune couple à l'intérieur de foret arriva nez à nez en face d'une énorme cascade, perdu au milieu d'arbres centenaires géants. Magg était resté sans souffle devant le merveilleux spectacle devant elle, une douce rosé mouvante humidifiait la peau encore juvénile de la jeune mage. Des lucioles lumineuses dansaient près de l'eau et une légère brise versait bouger quelques branches. Souriant, l'artiste l'aida à escalade quelques roches pour prendre une bonne vue, ne pas avoir trop de bruit. Il sortit de son sac une bouteille de vin et deux verres, et quelques choses dans un petit sac en tissus.

- Quand je suis arrivé à Billou je suis resté toute la nuit dans ce lieu un peu magique. Encore aujourd'hui je suis persuadé que c'est la Grande Déesse elle même qui pleurs les maux du monde... je me disais qu'il était dommage que vous partiez sans voir cet endroit.

Il servit un verre et le tendit, puis commença à accorder sa guitare la laissant réaliser où elle était.