Magg ferma les yeux et respira profondément. L'air autour d'elle était pur. Plus doux que n'importe quel endroit connu. Des senteurs agréables et le murmure chantant de la cascade la berçaient. Elle rouvrit peu à peu les lumières, éblouie par les rayons du soleil. Elle regarda Mickel et sourit.
"Ce lieu correspond à mon idée du paradis. Mais je n'avais jamais imaginé le découvrir ainsi. C'est juste merveilleux"
Elle se rapprocha du Mickel, glissant d'un pas léger sur les pierres. Les yeux des deux jeunes gens brillaient des reflets de la lumière dansant sur l'eau. Mickel fit vibrer quelques cordes puis se lança dans une mélodie vive et joyeuse. Magg s'assit juste à côté de l'artiste, les coudes sur les genoux et le menton reposant dans ses mains. Elle admirait le splendide paysage multicolore qui s'étalait devant elle et elle profitait de l'instant présent.
A la fin de la douce et entraînante chanson elle se rapprocha encore et chuchota en riant:
"Waouh! Je n’aurais jamais pu rêver d'un moment aussi agréable... Pour que toi aussi tu puisse ne jamais oublier ce que cette journée est et promet d'être je vais t'offrir quelque chose à mon tour."
Prenant la main du chanteur, elle la caressa doucement et se mit à chantonner dans une langue ancienne et aux accents agréables.
" Linna gliriel aelinel mellon amarth lutha edhellen ithil ôl"
Puis, peu à peu, une lueur apparut, grandit et se contracta dans l'autre main de la jeune magicienne. Un morceau de chêne se matérialisa et s'affina doucement sous les yeux de Mickel. Au bout de quelques minutes, le plus beau des instruments de musique venait d'apparaître devant lui. Magg lui tendis:
" Où que tu sois, avec qui que tu sois, cette mandoline jouera juste et transmettra la joie que tu souhaite aux gens qui t'écouteront...."
Mickel ne pouvait s'empêcher d'admirer le travail. Comme artiste, il avait parcouru le monde entier et n'avait jamais vu d'oeuvre aussi parfaite. Les rosaces et les lignes épurées de l'instrument lui donnaient un charme particulier, unique, et la mandoline dégageait un air de sérénité et semblait lui promettre le bonheur.
"Rien ne pourrait valoir la magie d'un tel lieu, mais je ne peux rien t'offrir de plus... Cet instrument sera tien jusqu'au jour où tu n'en auras plus l'utilité. A l'instant où tu le souhaiteras le sort qui lui permet d'être réel se dénouera et elle disparaîtra. Sinon, elle pourra perdurer des siècles sans être abîmé. Mais il ne pourra être donné qu'à une personne que tu apprécies. C'est la seule condition."
Magg lui confia alors la mandoline, serrant doucement la main douce et chaleureuse de son ami. Ces quelques heures étaient merveilleuses
Sentant cette nouvelle chaleur, Mickel rapprocha doucement sa main, et donc celles de Magg vers son visage. Son geste était lent comme pour laisser à la jeune femme le choix de l'arrêter. Elle n'en fit rien et les lèvres de l'artiste embrassèrent lentement et tendrement les mains de la magicienne. Les coeurs du couple battaient à tout rompre, c'était comme si le temps s'était arrêté autour d'eux, que l'eau avait cessé de couler, que le vent ne soufflait plus. L'instant sembla durer une éternité pendant lequel le jeune homme gardait son trésor de peau douce sans vouloir le lâcher, du moins pas encore. Il releva les yeux vers Magg, le message était clair, il était fou d'elle mais la laisserait partir, il ne voulait juste que quelques précieuses heures encore avec elle. Des heures où ils penseraient pas au départ, des heures où il pourrait s'aimer sans complexe, sans doute, des souvenirs inoubliables comme une soif qui ne pouvait être étanché autrement. Magg pouvait revenir à Billou de temps en temps, elle le savait, et Mickel était habitué à ne voir les gens qu'il aimait que de temps à autres, il savait attendre et ne demandait à Magg qu'essayer.
Le peau des mains de Magg frissonnaient sous les lèvres de Mickel, comme si son corps le réclamait malgré elle, mais elle finit par ramener ses mains, à contre coeur, mais l'ayant longuement laisser étancher son besoin d'amour. Mickel sourit, se rassurant sur le fait qu'ils ne pourraient réussir à dormir cette nuit et qu'il allait lui chanter des chansons jusqu'à l'aube. Son coeur battait toujours aussi fort, ses sentiments pour Magg étaient fort mais il savait se tenir et son respect pour la jeune mage était énorme, il ne prendrais que ce qu'elle lui donnerait, si seulement elle osait aimer à sa façon, sans s'attacher, sans avoir peur de manquer à l'autre ou de ne pas tenir le coup.
- J'ai écrit une chanson pendant les jours où tu étais ici... je vais te la chanter... j'espères que tu vas aimer.
C'est uuune Maaage qui reeegard'leee monde,
Aaaveeeec des yeux d'eeenfant.
Elle seeee diiiiiit qu'uuune teeeere féééconde,
L'aatteeend aud'la du veeent.
M'enteeend tuuuuu ? Looorsque jee pleuuuures,
M'enteeend tuuuuu ? Looorsque jee riiiiis.
C'est uuune Maaage qui reeegard'leee monde,
Au milieeuuu des ombres profooonnde.
Elle n'étaaiiit, qu'une siiiimple incooonnue,
Mais moiiiiii... j'le saaaavaais pas.
Que d'vant eeelleee... j'éeeeetais c'mme nuuuu,
Le destiiiin guidaiiit meeees pas.
M'enteeend tuuuuu ? Looorsque jee pleuuuures,
M'enteeend tuuuuu ? Looorsque jee riiiiis.
C'est uuune Maaage qui reeegard'leee monde,
Dansant... au ceeentre d'une roooonde.
Elle priaaiiiitt... pour nous, aaartistes,
Et çaaaaa... oooon n'oublie paaaas.
Dans nos raaaangs ya paaaas d'égoooiisste,
Mais piittiié ne m'ouuuublie paaaas....
M'enteeend tuuuuu ? Looorsque jee pleuuuures,
M'enteeend tuuuuu ? Looorsque jee riiiiis.
C'est uuune Maaage qui reeegard'leee monde,
Et j'y peeeenses à chaaaque secoooonde.
Une fois la chanson, fini, il s'arrêta transporté par l'émotion et sourit doucement, fière d'avoir réussi à finir sa chanson à temps.