Voici le compte rendu jour après jour de l'expérience baptisée "Lutte contre la Paradigmite". Cet article a été écrit en direct des locaux de l'opération.
Le 4 mai. L'arrivée
Après une semaine de longues études de cas, Monsieur Lassie Stan a décidé de convoquer des testeurs. Seulement dix pour sauver le cybermonde Paradigme d'un terrible fléau : la Paradigmite. Beaucoup sont réticents et craignent pour leur intégrité.
Le laboratoire du savant se trouve sur une île déserte, digne d'un film de science fiction. Tout est très propre, blanc. Il semble très peu utilisé. Les salles sont fermés à clé. Mesure de sécurité nous dit-on. Pour quoi ? Pour qui ? Les malades ? Pour protéger les secrets du métier ? Pour rassurer en cachant les objets effrayants ? Mlle Dydlïa nous parle d'ailleurs encore tremblante de la scie de Lassie...
Tous les patients sont là. Malgré leur propre volonté pour certains.
Pour se faire entendre, Lassie n'a jamais hésité à recourir à la tromperie, au mensonge et à la violence. Les bleus qui tâchent encore le corps de Monsieur Wolfwood l'attestent.
Dans la chambre de l'hôpital, une dizaine de lits, avec des barreaux à chaque bout. Des chemises de nuits règlementaires reposent dessus. Par hygiène, surement.
Les testeurs, "héros (plus ou moins forcés) du paradigme", font connaissance. Un ministre de l'Information, lapin, un bourgmestre à moitié singe, deux gouverneures dont une affiliée au mouvement contestataire Bandjah, un fonctionnaire de la ZATAF et une directrice de production qui sera promue au cours de ces jours là. A cela s'ajoutent quelques civils dont un homme-nuage (?!), un ou deux humains et le compte devrait y être. L'un d'entre eux semble vraiment mal en point, à tousser partout.
La nuit tombe sur ces entrefaits et la promesse en partie rassurante de démarrer les examens au plus vite.
Nuit du 4 au 5 mai.
Un des participants semble avoir consommé des substances étranges. Les expériences ont-elles déjà commencé ?
Fausse alerte... Il n'est malade que de fumées pas très nettes. Encens Bandjah ou tartelettes au citron mal supportés ?
Le 5 mai, les observations.
Le fonctionnaire est devenu l'assistant de l'assistant Lassie Stan.
Rien ne se passe de la journée et la tension a monté. Une crise d'angoisse apparait à l'heure de traitement. Elle sera calmée par une piqure anticipée aux effets inattendus : la mutation du visage. En crapaud.
Réticences accrues des autres participants. Dans la nuit les conséquences ne se font pas attendre : sommeil profond, rêves étranges, vomissements. La mutation précédente disparait. Tandis que plusieurs cobayes disparaissent plus simplement.
Le 6 mai. La fin.
Les expériences s'achèvent sur la brutale explosion du laboratoire. La plupart des victimes sont vivantes. Lassie Stan est porté disparu.
Le bilan
Si d'une part monsieur Stan fut considérés par certains comme un génie, d'où théoriquement ses "particularités", il fut très nette que sur les derniers jours, il ne possédait pas du soutient du gouvernement.
A la destruction du laboratoire l'angoisse a étreint les cœurs de tous les irendoliens qui ont craint qu'une arme chimique se répande dans leur province. Sabotage ! Les soupçons du ministre de la guerre se portaient à cette heure sur les résistants Bandjah alors qu'il annoncé que la zone allait être nettoyée naturellement par les chars Serra.
L'hypothèse la plus en vogue chez les gouverneurs est la suivante : envoyé d'un empire rival, Lassie Stan aurait été l'objet, sinon, le pion, voir le meneur d'une tentative de déstabilisation du régime en kidnappant le régent (qui s'était heureusement désisté) et d'autres personnalités politiques.
La dernière solution est la plus simple. Lassie aurait seulement été un savant psychopathe qui a pu réaliser ses fantasmes sur des cobayes. Mais comme toutes les hypothèses simples, personne ne les croit vraiment.